• Carmen Consoli - Elettra

    http://www.radiostar.it/blog/wp-content/uploads/2009/12/elettra.jpg
    Note :
    http://www.carmenconsoli.it
    http://www.myspace.com/carmenconsoli2
    Origine du Groupe : Italie
    Style : World Music
    Sortie : 2009
    Tracklist :
    1. Mandaci una cartolina [single]
    2. Perturbazione atlantica
    3. Non molto lontano da qui [single]
    4. Mio zio
    5. Sud Est
    6. Marie ti amiamo (con Franco Battiato)
    7. ‘A finestra
    8. Col nome giusto
    9. Elettra
    10. Ventunodieciduemilatrenta
    00000000000000DOWNLOADLink Censored  DMCA request
    La voix de Carmen Consoli, reflet d'un tempérament affirmé, est une des plus troublantes de la jeune génération italienne estampillée chanson pop. De ses faux airs d'Asia dont elle partage les mines boudeuses et les tendances anticonformistes - elle mène sa barque musicale avec aplomb et poigne depuis déjà quinze ans. Flinguante beauté à la texture grave - grain voilé, un tantinet métallisé, pâtiné de teintes inattendues, de cassures fugitives - l'est la voix équilibriste de Carmen. Comme dans un théâtre de burattini, scènes d'opéra et de rue, Carmen incarne ses personnages dans une cuisine personnelle avec une manière pâmante de rouler les 'r'. La gamine impertinente – clin d'oeil à l'un de ses titres - est, depuis très jeune, star en Italie. Habituée du festival de San Remo, couronnée de trois disques de platine. L'aventure - rock dans ses balbutiements - s'ouvre, en 1996, sur Due parole et le tube 'Amore di plastica'. Cyclope records - label de sa ville, Catane - avait flairé le talent et illico presto la met en bacs. Carmen, consciente de sa chance - denrée aussi rare en Trinacria que la pluie et le travail - va bûcher dur - jamais là où on l'attend. Se frottant à la pop, la world music, la bossa nova, la chanson d'auteur, passant indifféremment de l'un à l'autre, dans la stratification réfléchie de sa machine à fustiger et faire réfléchir. Appuyée par des clips aux univers travaillés et des concerts marquants, l'artiste multiplie les invitations et n'oublie pas la fraternité au travers de collaborations innombrables - hormis les nationaux, on notera Salvador, Kidjo, Bregovic - et d'hommages multiples - Gainsbourg, Battiato. Citoyenne du monde, elle chemine sur un sentier cosmopolite fait d'authenticité et d'exigeance, enfile les observations très lucides sur notre monde en des albums variés comme ses racines. Avec une plume à ne pas négliger.

    La déterminée demoiselle revient sur les ondes en Octobre 2009 [22 Février 2010 en France] avec son septième effort, Elettra, dont le thème est - on l'aura compris - le complexe d'Electre. Un album sur l'amour, ses facettes ambivalentes - peu reluisantes parfois - ses masques incongrus au travers d' incarnations diverses. Le théâtre du monde lu dans ses fissures et fêlures.Ceci trois ans après le vibrant et organique Eva contro Eva, dans lequel il s'inscrit en droite ligne artistique.

    Zoom toute sur ces dix paysages qui louvoient entre confessions, dénonciations et chroniques de vie ordinaire. Fenêtre sur place plutôt que sur cour. Où l'on caquète et médit. Douleur et joie en partage. Selon des couleurs kaléidoscopiques comme les histoires racontées, magnifiées par des arrangements raffinés. Servant des mélodies intemporelles, des descentes dans la chanson traditionnelle populaire, ritournelles aigres-douces, aux nuances cubaines, ballades mélancoliques. De carnets accoustiques 'Perturbazione Atlantico' et 'Sud-Est' en chaloupé 'Non molto lontano da qui' : love song désuète, ganachée de nappes de mandoline, Elettra est un divan musical implacable. 'Elletra è la mia medicina', a d'ailleurs confié la 'cantantessa'* lors des interviews de promotion. Ultime retour sur les blessures sublimées, sur les stigmates au sang caillé qui y délivrent - comme les tomates séchées sur terrasse - des leçons de courage et de dignité. Message au père disparu dans l'émouvant 'Mandaci una cartolina'. Comptine décapante avec 'Mio zio', peinture des abus domestiques étouffés par la bourgeoisie conservatrice, où l'ironie mord tout autant dans le texte que dans la musique faussement enfantine. Soutenue dans son oeuvre de déminage par la profondeur de la basse. Coloriée aux crayons hispaniques sur cordes dissonantes. Current 93 rôde. Sans s'attarder plus que de raison. En témoigne 'Marie ti amiamo', duo avec Franco Battiato, déjà présent sur le Fiore splendente d'Etta Scollo. Solidarité entre voisins oblige. Il faut dire que le Monsieur apprécie les invitations du sexe faible. 'Marie' est hilarant pour qui connait un tant soit peu les us et coutumes de la Sicile! Interprété en français et en italien, ce titre hybride à l'autodérision irrésistible est un 'regalo' pour les polyglottes. 'Al finestra'- sur lequel vous pourrez savourer in fine l'un des plus insolites instruments traditionnels de Sicile, le marranzano - poursuit le métissage déjà bien entamé avec une truculente et enlevée immersion en dialecte catanais sur folklore balkanique. Le coeur en bandouillère, on continue l'exploration de cet Orient-Express sonore avec le langoureux et très beau 'Col nome giusto' tanguant sous les assauts des vagues guimauve et les caresses de regrets du violoncelle. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, les deux derniers titres - dont le pourtant intéressant Elettra - sont plutôt décevants. Un peu plats, peut-être.

    Bilan : Certains fans regrettent en substance la mediamente isterica, Elettra étant moins seriné de sang frais que prévu mais c'est faire fi des urgences de la Consoli. Très cathartique et toujours aussi honnête artistiquement, l'album conte, panse, console, livre et constate. Ravaleur d'un certain pathos dégoulinant sur la place publique comme les mesquineries, il est, dans sa modeste liturgie païenne, un chaleureux hymne à la vie, à la fragilité et force de l'humain, à porter en soi et contre soi.
    Du carmin et grand Consoli qui se maintient!
    par Elysia


    « Berry Weight - Berry Weight Diggs Vol.1 It came from the crate!Peter Broggs - Never Forget Jah - The Early Years (1976 - 1986) »